Spectacle Vivant

Sandra Colombo, « Que faire des cons ? », un one-woman-show drôle, émouvant et engagé

Sandra Colombo se produit au Point-Virgule ainsi qu’en tournée, avec son 3ème spectacle, « Que faire des cons ? ». Un one-woman-show à la fois drôle, grâce à ses jeux de mots notamment et à son sujet, les « cons », mais aussi très émouvant puisque l’humoriste s’y livre, se libérant ainsi d’un poids.

L’humoriste Sandra Colombo, qui a notamment participé à On n’demande qu’à en rire de Laurent Ruquier au sein du duo Les Kicékafessa qu’elle formait avec Pascal Rocher et qu’on a aussi pu voir dans les sketchs de Groland Le Zapoï présenté par Doully, est actuellement à l’affiche du Point Virgule avec son 3ème one-woman-show, Que faire des cons ? Un spectacle drôle, mais aussi engagé et émouvant.

J’ai découvert un extrait du seule-en-scène de Sandra Colombo dans un plateau artistique, le Champagne Comedy Club, qui m’a donné envie de découvrir le spectacle en intégralité. Elle y jouait un sketch sur les livres sur le développement personnel. Un thème important de Que faire des cons ?, mais pas le seul que l’humoriste aborde dans ce spectacle très fort.

Lorsqu’on entre au Point Virgule, Sandra Colombo est déjà sur scène, pieds nus, dans une combinaison verte à fleurs, assortie au rideau qui orne la scène. Entre tapis et rideau, on a l’impression que Sandra nous reçoit chez elle. C’est d’ailleurs elle qui s’occupe, en partie, du placement dans la salle, tandis qu’une chanson de Brigitte, autour de l’amour, résonne. Dans le salon de Sandra Colombo que constitue la scène du Point Virgule, on remarque le (faux) livre Réussissez votre spectacle, de Copy Comic et préfacé par Kev Adams. On devine déjà que le second degré va être très présent dans Que faire des cons ?

Et, effectivement, Sandra Colombo, auto-proclamée « mini Beyoncé du Marais« , ose une chorégraphie sur Grand Petit Con de -M-, avant d’évoquer sa curiosité « quand on s’appelle Colombo, mener l’enquête c’est une passion dans la vie » et sa difficulté à « faire cohabiter un cerveau France Inter dans un corps Rire et Chansons ». Cette femme, d’1m50 (comme l’auteure de ces lignes) ne manque pas d’auto-dérision. Mais sa petite personne est loin d’être le seul sujet du spectacle, bien au contraire. Sans trop spoiler, car il y a vraiment beaucoup de choses dans le spectacle de Sandra Colombo, la meilleure réponse de l’artiste à la question « Que faire des cons ?« , c’est : « pour éviter les cons, avalez un oignon« .

Les « cons« , de toutes sortes, constituent comme un fil rouge au one-woman-show. Sandra, qui dévoile un jeu de scène clownesque par moment, entreprend l’explication de l’origine du mot « con« , cours de linguistique et d’anatomie à l’appui. L’humoriste va ensuite clasher tout à tour les « platistes« , les « complotistes » et autres espèces de cons dans un spectacle riche en jeux de mots.

Si Sandra Colombo ne manque pas d’autodérision, c’est que le théâtre, la scène, a quelque-chose de libérateur pour elle. En effet, l’humoriste, engagée dans le féminisme, ose un passage sur les violence faites aux femmes, chiffres édifiants à l’appui, dévoilant, 30 ans plus tard, avec beaucoup de courage, un vécu personnel très douloureux, suite auquel elle a dû apprendre à « quoi faire des cons« , d’où le titre de son spectacle. Fini de rire, terminée la gaudriole, le temps d’une séquence. Face à une Sandra Colombo tout en fragilité, au bord des larmes, on ne peut que saluer sa force.

Sandra Colombo a pris conscience de l’ampleur des violences faites aux femmes avec le mouvement #MeToo. Elle n’est pas la seule humoriste à, finalement, révéler sur scènes des violences subies. Bérengère Krief et aussi Laura Laune, chacune dans leur style, en ont fait de même dans leur dernier spectacle respectif. Quant à Norma, qui se produit actuellement au théâtre du Marais, elle a fait de l’inceste subi, un spectacle, Norma(le). Les femmes ne sont pas les seules à utiliser la scène comme exutoire de traumas. Frédérick Sigrist, lui, dans le spectacle Super-Héros, évoque la douleur de la perte d’un enfant.

La libération de la parole des femmes, notamment dans l’humour, ne semble faire que commencer. Florence Mendez vient de jeter un pavé dans la mare, #Metoostandup semble en marche.

Sandra Colombo, « Que faire des cons ?« 
Tous les mardis à 21h15 au Point Virgule (Paris) jusqu’au 30 avril 2024
Et aussi en tournée

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *