La Chambre d’à côté : quand Pedro Almodóvar met en scène Julianne Moore et Tilda Swinton autour de la fin de vie
Le nouveau long-métrage de Pedro Almodóvar, « La Chambre d’à côté », sort au cinéma le 8 janvier 2025. Un film dans lequel il dirige Tilda Swinton et Julianne Moore autour d’un thème de société brûlant et on ne peut plus dans l’actualité : le droit à mourir dans la dignité.
Récompensé du Lion d’Or lors de la Mostra de Venise 2024, La Chambre d’à côté est l’adaptation sur grand écran du roman de l’Américain Sigrid Nunez, Quel est donc ton tourment ?, publié en 2020. Il s’agit du premier long-métrage de Pedro Almodóvar tourné en langue anglaise (et non pas en espagnol). Auparavant, il avait uniquement tourné un court-métrage en anglais, La Voix Humaine (adaptation d’une pièce de Cocteau), de 30 minutes, sorti en VOD en 2021, avec déjà Tilda Swinton au générique. Dans La Chambre d’à côte, la comédienne britannique donne, pour la première fois de sa carrière, la réplique à l’Américaine Julianne Moore.
Dans La Chambre d’à côté, Julianne Moore incarne une romancière – dont le dernier ouvrage évoque sa peur de la mort – sollicitée par une amie, ancienne reporter de guerre, jouée par Tilda Swinton, condamnée par un cancer, pour être présente à ses côtés lorsqu’elle aura décidé de mourir.
Dans un New-York, filmé par Almodóvar d’une façon qui rappelle celle de Woody Allen (Minuit à Paris) ou encore celle de Julie Delpy (2 days in New-York), le réalisateur met en scène deux femmes assez peu maquillées, si ce n’est qu’avec un rouge à lèvres très intense. Tilda Swinton est le plus souvent naturelle, sans fard, elle qui incarnait déjà, dans La Voix Humaine, un personnage s’interrogeant sur le sort des femmes de plus de 50 ans au cinéma. « C’est un film d’actrices » affirme d’ailleurs Almodóvar quand à son choix de ne quasi filmer exclusivement ses deux comédiennes.
Face à ces deux personnages entourés par la mort, Damian, joué par John Turturro, bien qu’on le voit peu, apporte néanmoins une petite note de drôlerie, à ce film dramatique, grâce à sa vision excessivement pessimiste de l’avenir de la planète.
Comme à son habitude, Pedro Almodóvar, qui, a plusieurs reprises, a posé sa caméra sur le sol, a glissé, dans son film, de nombreuses références à l’art (les auteurs Ernest Hemingway et William Faulkner, le film Les gens de Dublin…). Quant à la musique, souvent présente en filigrane, elle donne des allures de thriller à ce film qu’Almodóvar qualifie d’ « Almodóvarien« . « L’art occupe une place importante dans ma vie, dans mes films et entoure mes personnages » précise-t-il.
Avec La Chambre d’à côté, Almodóvar évoque la fin de vie, le droit à mourir dans la dignité et le suicide assisté. A ce propos, il déclare : « C’est une réflexion qui m’est propre sur la douleur, sur la mort » avant de développer : « On n’a pas évoqué l’euthanasie ensemble avant le film mais le débat est ouvert et la réponse est évidente à nos yeux, à tous les trois :
les êtres humains doivent pouvoir être maîtres de leur mort quand la vie ne leur réserve plus que douleur.«
La Chambre d’à côté n’est pas le seul film programmé en salles en 2025 à s’interroger autour de la fin de vie. Le dernier souffle, le prochain long-métrage de Costa-Gavras, qui arrive au cinéma le 12 février 2025, se déroule principalement dans un service de soins palliatifs.
Quant à Charles Templon, il a mis en scène Exit, pour le moment jouée à Avignon en 2024 et au théâtre 14 à l’automne dernier. Une pièce de théâtre qui raconte le quotidien de l’association Suisse Exit, qui accompagne des patients condamnés jusqu’au moment de leur mort (qu’ils ont choisi).
La Chambre d’à côté de Pedro Almodóvar, 1h47
Avec Julianne Moore, Tilda Swinton, John Turturro…
Au cinéma le 08/01/25
Crédit photo : Iglesias Más