The Substance de Coralie Fargeat avec Demi Moore : quand la quête de la perfection créé des monstres
« The Substance », le nouveau film de Coralie Fargeat, primé à Cannes, sort au cinéma le 6 novembre 2024. Un film fantastique dans lequel la réalisatrice défend sa vision de la quête de la jeunesse éternelle et de la perfection, non pas sans conséquences.
Avec The Substance, film pour lequel elle a obtenu le prix du scénario au Festival de Cannes 2024 (édition qui a couronné Anora, sorti une semaine plus tôt, de la Palme d’Or) la cinéaste Coralie Fargeat propose sa vision de la figure de la femme qui refuse de vieillir car oppressée et pressurisée par la société. Cette femme c’est Elisabeth Sparkle, brillamment incarnée par Demi Moore qui donne beaucoup de sa personne, n’hésitant pas à se mettre à nu, mais aussi à se montrer sans fard et enlaidie.
Demi Moore joue une actrice, oscarisée, et étoilée sur Hollywood Boulevard, qui officie désormais en tant qu’animatrice télé d’un programme de fitness, façon « Gym Tonic« . Une femme belle et dynamique dont le monde cruel de la télé veut se débarrasser à tout prix, à commencer par son patron, Harvey (serait-ce une référence à Weinstein ?), incarné par Dennis Quaid qui la considère comme « une vielle peau« . Ce qui va inexorablement amener Elisabeth à vouloir rajeunir à tout prix. C’est justement ce que propose la fameuse substance : la création d’une sorte de clone. Mais tout abus ou mauvaise utilisation de la dite substance aura va avoir des conséquences irréversibles. Pour Elisabeth qui, en ouvrant la boîte de Pandore, créé des monstres.
Avec The Substance, Coralie Fargeat montre qu’elle a le sens du détail. A de nombreuses reprises, la réalisatrice propose des plans originaux et intéressants, qui ne sont pas forcément esthétiques de prime abord, à l’image du fond de la poubelle qui revient plusieurs fois. Elle multiplie aussi, à d’autres moments, les gros plans, notamment sur Harvey qui mange des crevettes. Des images peu ragoutantes qui contribuent à façonner son image de gros porc. Des gros plans également sur les yeux des actrices, notamment au moment de la permutation. Une permutation qu’elle matérialise à l’écran par des effets visuels pour symboliser le ressenti des corps et cerveaux des personnages. Des effets qui deviennent psychédéliques plus tard dans le film.
De nombreuses références…
Coralie Fargeat a glissé, dans son (un peu trop) long film de 2h20, de nombreuses références cinéphiles. La substance d’activation vert fluo rappelle forcément Flubber, cette énergie inventée par Robin Williams dans un film de 1997. La salle de bain de l’appartement occupé par Demi Moore, d’un blanc immaculé, fait penser à la salle de bain, théâtre du premier volet de la saga Saw en 2005. Le cercle vicieux de l’addiction évoque le propos de Requiem for a dream. Et, le film de venant à mesure de plus en en plus sur le registre du fantastique et de l’horreur, des scènes sanglantes rappellent Revenge, le premier long-métrage de Coralie Fargeat. Tandis que les effusions d’hémoglobine font penser au cinéma d’horreur de Sam Raimi.
The Substance, de Coralie Fargeat, en salle le 06/11/2024, 2h20
Avec Demi Moore, Margaret Qualley, Dennis Quaid…
Crédit photo : Mubi Deutschland